Produire de manière responsable, c’est le défi que s’est lancé Marion Nerguisan en fondant ses deux marques de mode indépendantes. Pour elle l’émancipation de la femme passe par une indépendance financière et professionnelle. Pour démontrer le respect de ses valeurs et ses engagements, c’est désormais la mesure qui compte.
Parlez-nous de vous et de ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’entrepreneuriat !
Je suis Marion Nerguisian. Après un parcours étudiant assez classique, école de commerce puis conseil, j’ai finalement cofondé ma première marque Atelier Gasparine il y a 7 ans. Nous créons des robes de mariée sur-mesure.
À la naissance de mon premier fils, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir pendant mon congé maternité et ma passion enfouie pour la mode a ressurgi. J’ai donc d’abord repris des études puis je me suis rapidement lancée quand j’ai réalisé que je n’étais pas faite pour l’entreprise classique et la hiérarchie. Je suis quelqu’un de très indépendant, têtue et très volontaire. Ce n’est pas toujours compatible avec le salariat.
Vous avez lancé Atelier Gasparine et Atelier MaSla, comment vos entreprises contribuent-t-elles sur les différents volets de l’impact – environnemental et social ?
Le secteur de la mode est une catastrophe environnementale. À ma toute petite échelle j’essaie de participer en utilisant les matières les plus responsables possibles. Aussi, je fabrique en petite quantité voir à la demande pour mieux maîtriser mon impact. Par ailleurs, dans mon atelier parisien j’ai souhaité embaucher des personnes qui ont malheureusement toujours travaillé dans des conditions déplorables, à la limite de la légalité et leur proposer un emploi et des conditions de travail décentes.
Aujourd’hui ils sont tous salariés, avec une mutuelle, leurs transports payés, des horaires légales, etc. Cela peut sembler évident mais ça ne l’est pas forcément dans le milieu de la confection à Paris.
Comment mesurez-vous leur impact sur l’environnement et quels sont vos objectifs de développement durable pour cette année ?
Je n’ai pas encore mis en place d’indicateurs de mesure. C’est une excellente piste à approfondir.
Mes objectifs sont de consommer moins et mieux et d’entraîner nos clients, les marques de prêt-à-porter, dans cette même direction.
Quels défis avez-vous rencontrés en tant qu’entrepreneur et comment les avez-vous surmontés ?
La misogynie ! Je suis sortie de mes gonds le jour ou quelqu’un a osé dire à mon mari « c’est gentil de permettre à ta femme de vivre de sa petite activité ». Je rencontre également de nombreux problèmes de recrutement. Je crois que le monde du travail a été chamboulé ces dernières années et qu’il faut impérativement redonner du sens au travail pour les collaborateurs. Et enfin, la trésorerie est le nerf de la guerre. Je ne souhaite pas avoir d’investisseurs et financer sa croissance sans investisseurs n’est pas simple.
Un conseil à donner aux femmes qui souhaitent lancer leur entreprise ?
L’entreprenariat n’est pas le graal. Pour moi, c’est comme la maternité, ce n’est pas pour tout le monde et ce n’est pas un objectif de vie à tout prix. Et si comme pour la maternité ce n’est jamais le bon moment, si vous y croyez et que vous y mettez tout votre coeur il y a de fortes chances que vous soyez heureuses et accomplies dans ce mode de vie. Je rajouterais qu’il faut savoir s’entourer et se faire aider.
Découvrez le label Startup Engagée pour valoriser vos engagements et l’impact positif de votre entreprise.